Cocoon, on les aime, c'est une histoire qui dure depuis des années maintenant. Quelle est donc leur fameuse recette ? Les mélodies folks entraînantes et entêtantes que l'on retient rapidement ? Un univers animalier très marqué ? Des mots qui touchent ? Cocoon, c'est un savant mélange de tout ça, des chansons à multiples lectures, accessibles à tous, qu'on a envie de chanter avant même d'en connaître les paroles, certaines qu'on a envie de chanter à tue-tête, vitres grandes ouvertes, plein soleil, et vent dans les cheveux, d'autres qui nous chuchotent des airs mélancoliques. Quoiqu'il en soit, la magie qui avait opéré avec leur premier album, nous enveloppe à nouveau avec leur second opus, Where The Oceans End. Ce dernier est, tout comme le premier, un album concept, où les chansons se dévoilent selon une articulation pensée et cohérente, mais qui fonctionnent tout aussi bien dans leur individualité. Les animaux sont à nouveau des instruments métaphoriques qui servent de support à la mise en scène et aux émotions.
L'univers de ce nouveau bébé de Cocoon, est celui de la mer. La scène sur laquelle trônent les instruments, est ornée de filets, des petits cajots de bois, ce qui plante immédiatement le décor et l'atmosphère du concert. La lumière d'un phare, le bruit des vagues, le cri des mouettes, nous voici immergé dans les fonds marins. Mark et Morgane, arrivent accompagnés de leurs musiciens, avec pour seules sources de lumière, une lanterne que chaque membre du groupe tient à la main. C'est Sushi, comme à chaque fois, qui ouvre le set, comme elle ouvre l'album. "May you be where you wanted" Oui, nous sommes là, où nous voulons être. Attentifs, et subjugué, nous montons à bord de cette baleine un peu spéciale.
A peine a-t-on mis les palmes dans l'abîme marin, que l'on change de lieu, et nous voilà dans la forêt, avec une Reine en colère que l'on connaît bien maintenant et le public répond en chœur " She lost a treasure there", Owls est donc le premier bond dans le premier album.
Et c'est Mother qui continue le voyage, dédicace de Mark à sa maman présente ce soir là dans la salle, qui nous fait revenir à l'océan, avec ces bateaux qu'on laisse partir, titre que l'on reçoit comme une confidence, et avec toute l'émotion qui la caractérise.
Et c'est au tour du célèbre On My Way, Mark et Morgane, disent avoir besoin de nous, je crois qu'il était inutile de demander. Le public connaît les paroles, chante même les notes, " Be Okay, be okay ...- Plus fort ? - BE OKAY!!!".
Après une salve d'applaudissements, ils nous ramènent tout en douceur avec Baby Seal, dans un silence subjugué. Les lumières sont bleutées, les musiciens évoluent comme des ombres, le rendu es superbe.
Après ces minutes de temps suspendu, Mark et Morgane nous demande notre participation active, pour une des chansons phares du premier album, le fameux Hummingbird. Ils ne sont que tous les deux sur scène, c'est donc en toute intimité, que nous commençons les "ch-ch-ch ch-ch " accompagnés de claquement de doigts, et en rythme s'il vous plaît. Ce qui fut pour moi, et à chaque concert, une épreuve, que de résister à chanter les paroles de cette chanson que j'affectionne tout particulièrement. Mais heureusement, il n'y a pas que des gens comme moi, et les "ch-ch-ch" murmurés dans une salle de 4000 personnes, c'est juste sublime.
Ensuite la couleur est annoncée "ce soir, c'est menu-reprises", et la cover qui est une de leurs premières et sans doute la plus connue de tous est Hey Ya. Reprise que je pourrai qualifier de contrôle pour voir si le public a bien appris ses leçons de rythmes, et comme dans toutes les classes, il y a des mauvais élèves, et pas que dans le fond, mais les bonnes intentions sont là, et plus c'est casse-gueule, plus c'est drôle. Et au fil des concerts, j'ai comme l'impression que Mark et Morgane en rigolent d'avance. Et Clermon-Ferrand ne fait pas exception à la règle. Et comme à l'accoutumée, Hey Ya explore les styles musicaux : Country, Bossanova, reggae ... De tous les styles la country remporte un franc succès, on sait donc que Cocoon peut donc nous faire aimer tous les styles, ce qui va se confirmer plus tard.
Vient ensuite, le moment clef de la soirée, celui de la chorégraphie. Attention, l'intitulé est plus long à prononcé que la chorégraphie lui même. C'est le grand Oliver, le Kamel Ouali d'Australie, dixit Mark, qui l'a finement élaboré et qui se nomme donc "la prise du Grizzly sous l'arc-en-ciel». Chorégraphie dont je tairai le secret car à ce jour, seuls des milliers de spectateurs en ont la connaissance. Pendant toute la chanson, Super Powers, la tension est à son comble, chacun se prépare à cette chorégraphie mythique qui sera réalisé, comme à chaque fois, avec brio.
Après cet effort physique éprouvant, Est appelé Olivier et son ukulélé "non proportionnel" et d'après Mark " l'un des deux est un instrument à la mode", à nous de choisir. Qui dit ukulélé, dit le brillant Comets qui fait tanguer les lampes sur la scène. Ce soir, parce que festival, pas de projecteurs qui se balancent mais dans le public on y est, les bras bougent en rythme et s'entrechoquent un peu, on est tous des comètes à leurs pieds.
Mark et Morgane poursuivent avec le dernier single sorti en radio, le dynamique Dee Doo. Le voyage en est à plus de sa moitié, et nous n'avons plus qu'une chose à dire, à crier " I don't want you to go".
Dans la même lignée énergique, Mark et Morgane entame la deuxième reprise de la soirée, Empire State Of Mind dont le clip a été dévoilé il y a quelques semaines et dont la version est pour moi bien plus efficace que l'originale, leurs voix qui se répondent ou se superposent minutieusement nous offrent une cover remarquable.
L'exploration se poursuit en introspection avec un Oh my God saisissant, qui monte en puissance.
Et c'est avec le petit dernier de la tournée, Yum Yum, que l'émotion est à son comble, les cordes et les cuivres surenchérissent dans une envolée plongée et je crois bien que la pluie est tombée, en tout cas c’était tout comme.
Le concert se poursuit avec l'instant "chaleur" ou "Danny Brillant", mais c'est mieux que ça, c'est Dolphins. Ca sonne comme une promesse, peut-être celle de toujours les retrouver quelque part "There a place where you can go".
La nostalgie ne prend pas le dessus très longtemps et, Mark et Morgane nous font cadeau d'une troisième reprise, American Boy, dont le clip est une pépite.
Avec eux on irait n'importe où, L.A., New-York, Broadway, on n'a plus vraiment de voix, et les mains qui chauffent d'avoir applaudi à tout rompre et pourtant on chante, fort, plus fort, pour que les sourires de Mark et Morgane ne s'enfuient pas dans l'ombre.
Vient le moment des remerciements, ce qui sonne la fin proche du concert, à notre plus grand regret. A présent, Morgane et Mark nous aident à faire nos vocalises, et on y va franchement, pour un Vultures un peu spécial, qui vire au Grease "Electrifying !!" chanté presque uniquement par le public avant de reprendre le cours de l'entraînant Vultures.
Et puis l'air de rien ils commencent à nous expliquer que pour la prochaine chanson, il suffit de dire "Hello", oui, à nous public clermontois (ou de passage ^^), ils croient vraiment qu'on pourrait avoir oublié le cultissime Chupee ? Ce sont les bras en l'air, les voix qui crient, et les yeux qui pétillent que nous chantons en choeur.
Mark et Morgane n'ont pas envie de partir, et nous non plus, et c'est en bonus qu'ils nous offrent un Cathedral dans une quasi obscurité, avec les lanternes qui éclairent les visages de nos deux magiciens. Le voyage touche à sa fin en beauté, ce titre clôt le set et c'est sous une pluie d'applaudissements que Cocoon nous fait ses "au revoir". On les reverra bientôt, pour sûr.
Cocoon c'est une complicité entre eux, et avec nous, c'est un duo, un groupe, un tout qui rend leurs prestations magiques. Magiques, parce que chacun y apporte de sa signification, chacun y lit ses propres histoires et y trouve le bonheur qu'il y cherche.
Mark, Morgane, merci.
[Les photos ne sont pas de Clermont mais de Toulouse, la veille.]